• Andalousie P2 et Algarve - septembre 2019

    Andalousie atlantique - Algarve
    Virée hispanico-lusitanique

     

                                   Par Sabine & René

      Cliquez sur les photos pour les agrandir.

     Andalousie P2 et Algarve - septembre 2019

     

    le couchant à Punta Umbria

     

    Revoilà donc l’océan atlantique ! Est-ce purement psychologique ou réel, mais l’odeur, la lumière, les oiseaux, la houle de ce côté-ci de Gibraltar nous semblent déjà différents. Marées, hauteurs d’eau et courants vont se retrouver au programme de navigation. Nous allons devoir réviser !

    Au port de Barbate, pour ce qui est de l’odeur, c’est sûr, nous ne pouvons pas ignorer que nous sommes dans la capitale espagnole du thon ! Depuis des temps immémoriaux de grandes nasses (madragues ou almadraba) sont tendues au moment de la migration des thons. Une conserverie les conditionne sous toutes sortes de formes et en vend une grande partie aux Japonais.  Vu le prix du petit bocal de « ventresca de tuna » nous imaginons que ces beaux bestiaux  doivent se faire de plus en plus rares. La ville n’a pas grand intérêt, seules les immenses plages de sable fin, les pinèdes et les falaises du parc naturel de la Brena offrent de belles randonnées.

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    Barbate

    Cadix ou Cadiz, voilà encore une escale mythique. Tout de suite on pense à Christophe Colomb, aux caravelles et aux galions, aux grandes aventures de l’âge d’or de l’Espagne, et à ….Luis Mariano !
    Bon, moi ça faisait longtemps que j’avais trouvé ma « belle ».
    Ce n’était pas ici et elle s’appelle Sabine…
    La vieille ville est bâtie sur une avancée rocheuse ceinte par d’épaisses murailles. Du large déjà, sa beauté se devine : le mélange de vieilles pierres, de végétation luxuriante et de belles demeures laisse présager une belle découverte. La marina se trouve dans le port de commerce, un peu moins charmant et décentré. Les vélos vont nous être indispensables pour découvrir la ville aux 100 miradors.

     Andalousie P2 et Algarve - septembre 2019

    Andalousie P2 et Algarve - septembre 2019

    Cadix s’est développée au 16e S comme base de l’exploration et du commerce maritime. Les armateurs et commerçants firent construire de riches demeures sur la presqu’île et érigèrent des tours de guet pour surveiller les allées et venues des navires. L’un d’eux fut encore plus ingénieux et équipa la « torre tavira » d’une chambre noire. Mais qu’est-ce ?
    Au dernier étage de cette tour baroque, l’une des plus vieilles de Cadix, est installé un ingénieux système optique qui offre une vue panoramique à 360° de la ville, projetée sur un écran parabolique blanc dans l’obscurité totale. Rien n’échappe au jeu de miroirs indiscrets. C’est le principe de la « Camara obscura » attribuée à Léonard de Vinci !

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    Au moins 7 tours de guet sur cette photo

    Andalousie P2 et Algarve - septembre 2019

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    Andalousie P2 et Algarve - septembre 2019

    Nous découvrons la ville de « plaza » en « plaza »,  de « casa » en « casa », de la cathédrale au Castillo sans oublier la fraîcheur du parc Genovez ni l’excellent resto Balandro où les tapas sont érigées en véritables créations gastronomiques, le tout en empruntant de belles pistes cyclables.
    Bref, la belle Cadix nous a véritablement enchantés !

    Seulement 5 mn (mile nautique) plus loin, le charme est brisé net par notre « apierrissage » devant le port de Rota.


    http://voilieridemo.eklablog.com/crash-a-rota-02-09-19-c30889296

    Rota est une petite ville charmante qui doit se visiter à pied pour ressentir l’influence arabe avec ses grosses arches de pierre enjambant des ruelles étroites. Rota dispose surtout de 2 très belles plages de part et d’autre du port et d’un front de mer de toute beauté muni de bancs publics en mosaïques.
    Seul bémol, Rota se trouve non loin d’une base militaire US et il se dit que, parfois, il peut y avoir un peu de grabuge près de certains bars…

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    l'immense plage de Rota

    Le but était de laisser le bateau dans la marina de Rota, de prendre le bus pour aller voir le spectacle de l’école équestre de Jerez de la Frontera, aussi réputé que le Cadre Noir de Saumur ou l’école de Vienne. La réalisation d’un des rêves de Sabine !
    Nous sommes tellement secoués par notre accident que nous pensons renoncer à cette escapade. Mais finalement, après avoir inspecté le bateau sous toutes ses coutures et constaté que les dégâts semblaient limités à la quille, nous avons fini par nous rendre à Jerez de la Frontera, histoire de se changer les idées.
    Et quelle bonne  idée ! Le spectacle « Como bailan los caballos andaluces » nous a touchés en plein cœur par la grâce, la complicité, la performance, le respect, la beauté des duos cavaliers-chevaux.
    A en avoir la larme à l’œil,  même René a été ému !

    Andalousie P2 et Algarve - septembre 2019

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    entraînement avant le gala


    Outre ce magnifique spectacle équestre, Jerez est surtout connue pour ses bodegas et ses vins, les Xéres. Personnellement, nous n’aimons pas du tout. Nous attendons vainement de trouver des amateurs à qui donner les 2 bouteilles de Xéres achetées à Gibraltar…
    Le centre-ville, d’inspiration arabo-andalou, est labyrinthique et constellé d’aubettes à « churros », ces bâtons de pâte à crêpe frits dont nous nous régalons.

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    Tio Pepe: une des plus fameuses bodegas de Xeres


    Nous quittons Rota, encore échaudés par notre mésaventure « terrestre » pour rejoindre Punta Umbria qui se trouve à l’entrée d’une rivière à l’entrée peu profonde.
    La position et la profondeur du chenal sont imprévisibles…Gloups !
    Rien de tel que tuer le « mal » par le « mal » pour se redonner confiance.
    Ca passe. Puis, nous remontons la rivière qui devient plus profonde et dont les berges sont très urbanisées et sans grand intérêt. Nous slalomons entre les nombreux bateaux de pêche munis d’une étrange drague à mollusques. Au bout de 5 km, nous jetons l’ancre, entourés par les marais salants du parc naturel de « Las Marismas » et d’une foultitude de piaillements d’oiseaux en tous genres.
    Bizarre tout de même, ce parc naturel serti entre d’une part, l’urbanisation forcée de Punta Umbria et d’autre part, l’immense zone industrielle de Mazagon.
    N’empêche, il existe une belle ballade sous les pins qui nous mène jusqu’à Salinas de Astur, une réserve dans la réserve.

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    typiques

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    en route vers la réserve naturelle

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    observation de la faune avicole


    3 jours plus tard, Idemo et son équipage embouque la passe d’entrée du Rio Guadiana, en serrant toujours les fesses. Dans le guide, il est inscrit « ne tentez d’entrer qu’après la mi-marée montante (le flot) et soyez particulièrement prudent s’il y a la moindre houle ».
    Cela va d’ailleurs être une constante avec toutes ces entrées de rivière au Portugal. Il faut non seulement tenir compte du vent, de l’état de la mer mais aussi de l’heure de la marée car les courants peuvent ici être très forts. Tout cela forme des « barres » extrêmement dangereuses.
    Je me souviens, au début de notre tour du monde il y a 20 ans déjà, d’une double tempête d’automne que nous avions subie au port de Leixoes, près de Porto.
    Cette fois-là, quatre personnes sur 2 voiliers différents y avaient trouvé la mort en tentant de franchir ces barres et d’entrer se réfugier dans ces rivières.
    Souvent, pour un marin, le danger c’est la terre !

    Le Rio Guadiana, qui forme la frontière entre l’Espagne et le Portugal, était l’un de nos buts majeurs de cette année. Nous en rêvions avec l’idée de remonter cette rivière sur plus de 40 km.
    La question à se poser à l’entrée de ce fleuve est la suivante : devons-nous hisser dans les barres de flèche le pavillon de courtoisie espagnole ou le portugais ou les deux ?
    Si quelqu’un a la réponse…
    Deux villes et donc, deux ports se font face. A mon bâbord du côté portugais, Vila Real de San Antonio et à mon tribord Ayamonte l’espagnole.

    Video de l'entrée du Rio Guadiana

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    A gauche Vila Real de San Antonio. A droite Ayamonte.Au fond, le fameux pont


    Nous choisissons Ayamonte car le courant y est moins fort. Bien nous en a pris, nous adorons ce coin.
    La marina possède des places « XXL » bien abritées et calmes, la petite ville est mignonne comme tout, il y a de très bons glaciers et des bars à tapas. En outre, une longue piste cyclable permet de rejoindre les immenses plages de Isla Canela.
    Le pied, je vous dis mais ne le dites pas à tout le monde…

    Andalousie P2 et Algarve - septembre 2019

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    Procession à Ayamonte


    Dans les guides que nous avons, Vila Real est présentée de manière plus avantageuse qu’Ayamonte. Nous prenons donc le bac navette pour vérifier de visu.
    Des restos, des terrasses, des restos, des terrasses…nous préférons Ayamonte.
    « facedebouc » n’a pas que des inconvénients. Grâce à cette application, pourtant bien souvent génératrice de solitude, j’y retrouve un ami d’enfance en vacance avec son épouse à Portimao. En leur compagnie, nous dégustons des poissons grillés : sardinas, bica, dorada... Les portugais raffolent des poissons simplement grillés (grelhados), en ragoût ou en caldeirada (sorte de bouillabaisse).

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    le bac traversier entre Espagne et Portugal

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    la place centrale de Vila Real...un dimanche matin

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    Peixes grelhados entre amis


     
    Pour remonter cette rivière Guadiana, il faut passer en-dessous du pont routier dont la hauteur sous tablier est annoncée à 18 mètres dans les guides. Le tirant d’air d’IDEMO est de 20 mètres.
    Cherchez l’erreur.
    Je passe du temps sur internet pour avoir des infos supplémentaires, on se renseigne à l’office du tourisme, nous discutons avec d’autres « voileux ».
    Personne ne peut vraiment nous dire si c’est possible pour nous.
    D’après ces différentes sources, il y a entre 18 et 23 mètres… à marée basse de mortes-eaux ou de vives-eaux, on ne sait pas… Nous sommes bien avancés !
    Ayant déjà abîmés le bas, nous n’avons pas envie de détruire le haut.
    Finalement, nous rencontrons un voilier anglais « AVRIO » dont le tirant d’air est plus ou moins similaire au nôtre, soit 19,50 mètres et qui l’a déjà passé une vingtaine de fois depuis 20 ans qu’il écume la région.
    A chaque fois à marée basse de vives-eaux avec un coefficient inférieur à 1.
    C’est-à-dire pas très souvent. Vers la fin septembre. On verra…

    En attendant, nos plans ont changé, nous n’irons pas cette année jusqu’à Lisbonne.
    Reste 2 choix cohérents possibles pour l’hivernage : Lagos ou Portimao.
    Nous allons donc caboter un bon moment le long des côtes de l’Algarve.

    En route donc vers l’Ouest avec une première halte dans la lagune de Faro abrité par l’île de Culatra.
    La navigation par ici est compliquée car il faut sortir d’une rivière à peu près au moment de l’étale (moment entre deux marées où le courant est nul) et embouquer la rivière suivante également à l’étale tout en tenant compte du vent et de l’heure d’arrivée…
    C’est un peu comme la quadrature du cercle…
    Bref, nous nous présentons devant l’entrée du brise-lames par temps calme, pile-poil à l’heure…avec un courant de 2 kn et beaucoup de remous. En vives-eaux, le courant peut atteindre 7 kn !

    Video de l'entrée de la passe de Culatra-Faro


    Le coin est vraiment joli et une soixantaine de voiliers y sont déjà mouillés. Mais l’espace est immense. Culatra est une île de sable où il n’y a ni routes, ni voitures uniquement quelques tracteurs datant du Mésopotamique. Nous débarquons au village où la luminosité est extraordinaire. Est-ce le sable omniprésent, les nuances de bleu ou les couleurs des petites maisons…
    Cela nous a fait penser aux îles tropicales du Vénézuela.
    Ici, le temps a une autre dimension, il est dense. Excessivement dense. Assis sur des bancs en pierre, les locaux le regardent passer en observant ces créatures étranges que sont les touristes.

    Andalousie P2 et Algarve - septembre 2019

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    grande marée = recherche de mollusques

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    Au fond, la ville d'Ohlao


    Quelques terrasses, 2 mini-mercados et des petites maisons coquettes et fleuries. Un sentier en lattes de bois de 1 km mène de l’autre côté de l’île sur la gigantesque plage océanique.
    De là, nous apercevons le phare du cabo de Santa Maria et le village de Farol.
    Pourquoi ne pas marcher jusque-là avec les pieds dans l’eau. Ah oui, plus de 3 km tout de même.
    Arrivés à Farol, je consulte mon smartphone. « Gogol » m’indique qu’il y a une route qui retourne vers Culatra en longeant la côte intérieure. 500 mètres de sentier puis plus rien, enfin si, du sable et encore du sable, mou, friable. Je ne sais pas si vous avez déjà essayé de marcher 4 km dans du sable mou où chaque pas vous rapproche de 20 cm du centre de la terre... C’est une expérience dont nos mollets vont se souvenir quelques jours.
    Je vous le dis, le grand « Gogol » se trompe parfois.

    Andalousie P2 et Algarve - septembre 2019

    Andalousie P2 et Algarve - septembre 2019

    Andalousie P2 et Algarve - septembre 2019


    A Culatra, nous retrouvons nos amis du voilier « MILARESOL » avec lesquels nous partageons  un délicieux « cataplana » de mariscos(fruits de mer) et peixes(poissons). Car il existe aussi un cataplana de viandes ou de légumes…Cataplana étant une sorte de tajine typique en cuivre composé d’un plat incurvé et d’un couvercle symétrique. Il permet de cuire lentement à l’étouffée.

    Andalousie P2 et Algarve - septembre 2019
    La cataplana avec Danièle et Jean-Pierre


    L’immense espace lagunaire de la ria Formosa abrite deux villes importantes de 50.000 habitants environ : Ohlao et Faro, capitale de l’Algarve et doté du seul aéroport de la région.
    Il y a un avion toutes les 15 minutes !
    Nous parlerons de ces 2 villes et d’autres coins d’Algarve dans le prochain billet.
    Ate Logo (« à plus » en portugais).

     

    N.B : je peux déjà vous annoncer d’autres aventures pour le prochain article…
    Ah, on ne s’ennuie jamais en bateau !