• Charente-Maritime sept-oct 2020

     Par René & Sabine

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    Charente-Maritime sept-oct 2020

    la plage de Royan

    Début septembre, nous voilà à Royan. L’été n’a pas encore tiré sa révérence, le temps est au beau fixe et pourtant nous nous sentons arrivés au terme de notre saison de navigation. Nous avons pas mal navigué en 2 mois et n’avons plus trop envie d’être confrontés aux éléments…Notre souhait est de redécouvrir cette belle région de Charente-Maritime, de profiter de la présence de notre fille et de nous laisser porter par nos envies. D’abord les envies gastronomiques bien sûr ! Le marché couvert de Royan en forme de coquillage regorge de bonnes choses ; nous nous faisons des festins de produits de la mer, de galettes charentaises et de fromages locaux. Ensuite des envies de balades à vélo, tout le long de cette drôle de station balnéaire avec ses barres d’immeubles dans le pur style Le Corbusier, ses villas de styles art déco, son port et ses terrasses.

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    les carrelets et le phare de Cordouan en arrière-plan

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    les villas de Royan

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    Charente-Maritime sept-oct 2020 Charente-Maritime sept-oct 2020

    Comme les pistes cyclables sillonnent toute la côte, nous décidons de pédaler jusqu’au phare de la Coubre avec notre fille Manon. La balade est superbe, nous faisant passer devant les villas bourgeoises du temps jadis, parmi lesquelles la villa « Rose-rouge » ou  Sacha Guitry posa ses valises, nous faisant découvrir de petites plages serties dans la falaise, les nombreux carrelets parés de leurs filets de pêche et les quartiers résidentiels de Pontaillac ou encore de Saint-Palais. Nous arrivons au phare de la Coubre et profitons d’une visite guidée  jusqu’au sommet du phare. Après avoir gravi 300 marches dans un intérieur en opaline bleue, un panorama à 360° offre une vue imprenable sur la Côte Sauvage et ses magnifiques plages, la vaste forêt de La Coubre, l'estuaire de la Gironde et l'île d'Oléron.

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    Charente-Maritime sept-oct 2020

     Plus rien ne nous arrête, le lendemain nous explorons les pistes cyclables au sud de Royan vers St-George de Didonne avec pour objectif « l’atelier de la glace ». La dégustation est à la hauteur de la réputation ! Nous voilà reposés, remis en jambe et rassasiés, prêts pour une belle navigation sous voiles et sans mer jusqu’à La Rochelle. Nous aimerions passer quelques jours au mouillage mais avec notre tirant d’eau et les vents changeants, très peu de possibilités s’offrent à nous. Nous essayons le mouillage de Sablanceaux, à l’est de l’Ile de Ré, près du pont. En première partie de nuit, nous sommes bien protégés par l’île et dormons paisiblement.  Quelques heures seulement, car le vent bascule au nord-est et nous malmène jusqu’au petit matin. Nous émergeons, les yeux bouffis, dans le cockpit pour constater que nous allons très probablement recevoir la visite d’une équipe des Affaires Maritimes. Et de fait, 4 douaniers montent à bord pour un contrôle qui se passe finalement assez bien même si 2 d’entre eux entrent dans le carré et passent au « radar oculaire » notre intérieur. Comme les mouillages ne semblent convenir que pour la journée, nous entrons au port des Minimes qui, avec 5.000 places, est l’un des plus grands ports de plaisance au monde. Nous souhaitons y rencontrer un professionnel des canevas pour une tente de cockpit  et un électricien qui pourra peut-être nous éclairer sur nos problèmes des batteries. L’escale technique ne sera pas très fructueuse, le « monsieur canevas » ne se sent pas capable de réaliser ce travail et l’électricien est débordé. Nous en profitons pour rallier Chatelaillon-plage où nous rejoignons nos amis camping-caristes strasbourgeois, Nathalie et Francis, qui nous font découvrir  l’église Sainte-Madeleine dont l’intérieur a été décoré de manière surprenante et moderne par l’artiste lillois Amaury Dubois.

     

    Charente-Maritime sept-oct 2020 Charente-Maritime sept-oct 2020

    Les semaines passent et nous devons décider à quel chantier nous allons confier Idemo pour l’hiver. Deux chantiers se démarquent par leur prix avantageux. L’un se trouve à Mortagne-sur-Gironde et l’autre à Soubise, sur la Charente. Manon nous emmène en voiture pour visiter le chantier et découvrir le très beau village de Mortagne-sur-Gironde, les villages touristiques de Talmont et de Meschers. Autant joindre l’utile à l’agréable ! Ce chantier à l’air bien tenu mais il se trouve au bout d’un minuscule chenal qui assèche à marée basse. Autant dire qu’avec notre tirant d’eau de 2 m, les opportunités pour l’atteindre sont assez peu nombreuses !    Nous décidons d’aller visiter le chantier de Soubise, en bateau cette fois, en remontant la Charente. Portés par le flux, nous passons devant Fouras, le Port des Barques, nous suivons les méandres du fleuve au milieu d’un décor champêtre en voyant défiler les carrelets, les prairies et les marais.

    Charente-Maritime sept-oct 2020

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    Le ponton de la Corderie Royale

    Nous nous amarrons au ponton du chantier et allons tester pour la première fois le plantage de la quille dans la vase à marée basse. C’est assez confortable, plus aucun mouvement mais par contre, le bateau montre son désaccord en craquant de toute part ! Ce chantier a l’air un peu plus facilement accessible quoique notre sortie de l’eau sur chariot devra se faire par grand coefficient, donc par fort courant… La plus grande difficulté résidera probablement dans le manque total d’atomes crochus entre Captain René et le responsable du chantier.  Leur rencontre provoque instantanément des étincelles !

    Il nous reste un peu de temps avant de songer à hiverner le bateau, nous profitons donc des derniers beaux jours en naviguant  vers l’île d’Oléron pour une halte de quelques jours dans le petit port de Boyardville. Il y a très peu de places visiteurs, nous avons donc réservé et planifié notre arrivée dans le chenal de la Perrotine en fonction de la marée et de l’ouverture des portes. Le fameux fort Boyard est évidemment bien en vue, la plage  toute proche est idéale pour la baignade et le vélo est roi. Nous sommes dans le domaine de l’ostréiculture, nous ne pouvons donc pas louper la visite du site ostréicole de Fort Royer. Les brumes matinales donnent au site encore plus de cachet photogénique et le soleil perce pile au moment de l’apéro, parfait pour la dégustation d’huîtres et d’un petit vin blanc du pays charentais !

    Charente-Maritime sept-oct 2020

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    Saint-Denis d'Oléron

    Nous faisons nos devoirs de calculs de marée pour accéder au port de St-Denis d’Oléron, tout au nord de l’île. Là encore, c’est en vélo que longeons les belles plages et que nous partons « au bout du monde » pour visiter le majestueux phare de Chassiron dominant le Pertuis d’Antioche.  Le panorama est magnifique et nous découvrons les astucieuses écluses à poissons, visibles à marée basse, et dont certaines sont encore en activité. Ces « pièges à poissons » qui remontent à la nuit des temps, sont typiques des îles charentaises et représentatives de l'ingéniosité des anciens.

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    En route vers le phare de Chassiron 

    Le temps est encore incroyablement chaud pour ce milieu du mois de septembre, mais les prévisions météo annoncent tout de même l’arrivée de la première dépression d’automne. Allez, encore une dernière après-midi « plage » et baignade  sur l’île d’Oléron, avant de remonter une nouvelle fois La Charente sur près de 20 km pour atteindre Rochefort. Comme pour chaque navigation, nous devons tenir compte de la marée haute à 8 h pour sortir du port de St Denis d’Oléron. Et par ailleurs, nous devons attendre 17 h pour remonter la Charente avec le flux. Dès lors, il nous reste une bonne partie de cette belle journée pour prendre un corps-mort à l’île d’Aix, et pourquoi pas, y aller faire une petite visite. Ca, c’était le plan, après je vous laisse lire ou relire le mail explicatif de notre galère écrit par René :

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    l'île d'Aix avant la mésaventure...

    Galère à l'île d'Aix

    30 petites minutes sont parfois suffisantes pour basculer dans une situation rocambolesque ou dingue sinon dramatique… 

    Je plante le décor : mouillage à 10H00 du matin sur corps-mort à île d’Aix en attente du flux qui va nous permettre de remonter la Charente jusqu’à Rochefort aux environs de 17H00.
    Nous hésitons : mettre l’annexe à l’eau, descendre le moteur, tout armer pour une visite d’une heure…cela en vaut-il la peine ?
    Allez go, on vieillira plus tard. Nous avons lu sur différents sites qu’il est difficile de trouver une place sûre pour l’annexe surtout en marée de vives-eaux avec un gros coefficient (113).
    A côté de nous, il y a un autre voilier « pluie de nuit » auquel nous allons demander conseil. Ils sont arrivés de nuit, normal vu le nom du bateau, et n’ont pas encore été à terre. A bord, Gaël, Cécile et Jean, leur enfant de 8 ans qui sont en route pour un grand voyage. Nous partons donc à la recherche du meilleur endroit pour laisser l’annexe et décidons de l’amarrer à côté de la grande cale avec une ancre arrière pour bien l’éloigner du quai.
    Nous planifiions une heure de visite maxi  pour être sûr de pouvoir repartir. Nous nous trompons de sentier et un petit réflexe de sécurité nous fait revenir vers l’annexe au bout de 30 minutes.
    Déjà trop tard !
    L’annexe est posée sur un lit de vase parsemée de coquilles d’huitres verticales mais le chenal, que nous croyons libre, est tout proche. Avec l’aide d’un jeune gars sympa qui passait par là, nous commençons à pousser un peu l’annexe et c’est là notre plus grande erreur. Il aurait mieux valu tout laisser ainsi, aller boire un coup, manger un morceau, siester et revenir vers 16H00 à la marée montante.
    Sauf que nous sommes têtus…
    L’annexe commence à flotter et là 2ème et 3ème erreur, j’enlève mes crocs donc je me blesse assez sérieusement aux pieds puis je m’assieds sur l’annexe qui fait un grand pfffttttttttttttttttttttt et se dégonfle instantanément du côté tribord.
    La vase devient rouge autour de mes pieds et Cyril, le jeune sympa, accompagné de son amie et d’un autre couple décide d’appeler les secours. Cyril, qui est chaussé de tennis bien serrées tout en étant bien plus léger que votre serviteur, me dit qu’il va m’aider à rejoindre le bord, distant d’à peine 10 mètres.
    La progression est de l’ordre de l’escargot car à chaque levage de jambe, je dois laisser un de mes crocs enfoui dans 1 mètre de vase collante puis tâtonner pour le retrouver jusqu’au moment où je les perds définitivement et là impossible de bouger pieds nus sur ce lit d’huitres coupantes.
    J’ai de la vase jusqu’à la taille.
    Dans l’intervalle, la copine de Cyril a été cherchée 2 palettes qui vont me servir de « pas japonais en mouvement » puisqu’à chaque coup, Cyril doit en enlever une et la poser devant moi.
    J’arrive enfin au bord et je veux plus bouger d’un pouce…
    Les pompiers secouristes arrivent mais ne peuvent rien faire puisque je suis transformé en bonhomme de glaise. Sabine est toujours dans l’annexe et, au vu de ma progression, refuse catégoriquement de mettre un pied dans la vase. Les pompiers m’emmènent à un point d’eau du camping qui avec son petit robinet s’avère largement insuffisant. C’est là qu’intervient un gars du cru qui propose au pompier de brancher un tuyau et d’asperger le bouseux. Me voilà donc en calebard sous le jet puissant perpétré par un pompier qui cache mal un sourire qui me semble légèrement sadique.
    Soigné, trempé mais propre, je retourne sur le devant de la scène de crime et suis tout étonné d’apercevoir Sabine sur la terre ferme. Cyril et ses amies ont encore trouvé d’autres palettes pour lui permettre de rejoindre le bord sans s’envaser. Chapeau !
    Entre-temps, l’équipage de « pluie de nuit » est arrivé à quai et se propose de nous aider mais il faudra de toute manière attendre que la marée remonte vers les 15H30, pas avant.
    Nous avons soif, nous avons faim, il est temps d’aller nous restaurer. Sabine a sauvé son sac du magma et nous allons au seul resto de l’île qui est un peu « chicos » au vu de notre apparence extérieure. Nous sommes tellement crasseux que nous désirons nous placer à l’écart mais le serveur n’hésite pas à nous placer en milieu de salle, entre gens bien habillés. Encore une situation burlesque.
    En nous restaurant, nous avons le temps de mettre un plan au point car il va falloir ramener sur IDEMO un dinghy semi-rigide crevé et un moteur hors-bord, le tout pesant +- 100 kg et valant 5.000 euros.
    Vers 15H30, j’embarque avec Gaël, Cécile et Jean que l’on va déposer. Nous prenons 3 grosses défenses et des bouts. L’eau monte très vite et Sabine a déjà réussi à remonter l’annexe sur la cale.
    Nous plaçons, enfin surtout Gaël, les défenses du côté crevé et en-dessous du moteur. On teste, ça a l’air de flotter. J’ai un peu peur que le petit moteur en rodage de « pluie de nuit » soit insuffisant pour contrer le courant de marnage.
    La 3ème « chance » de la journée arrive sous la forme d’une grosse barque motorisée qui fait normalement le trajet vers les bateaux amarrés aux mouillages payants, ce qui n’est pas notre cas.
    Mais grâce à la solidarité de mer, la skippeuse décide de nous tracter jusqu’à notre bateau.
    Restent 2 moments délicats : la remontée du moteur sur sa chaise au moment où l’on va enlever les défenses et la remontée de l’annexe sur le pont qui nous soucie moins.
    Voilà, il est 17H30 et nous avons encore 18nm à remonter la Charente avec le courant à du 8-9 kn pour atteindre l’écluse de Rochefort qui ouvre entre 19H45 et 20H30.
    Heure à laquelle nous amarrons IDEMO au catway avant de nous écrouler dans le carré.
     

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    Cyril

     

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    Gaël

    Morale de l’histoire

    Au moment où notre mode de vie occidental amène à se refermer de plus en plus devant les écrans de toutes sortes, au moment où des comportements de repli sur soi sont provoqués par la pression de la peur dans un climat de suspicion sanitaire, il existe encore, et principalement dans le monde maritime pensons-nous, des gens qui veulent bien se mouiller(ah elle est bonne celle-là) et prendre du temps pour venir en aide.
    Cela fait chaud au cœur.
    Merci à Cyril et sa petite bande.
    Merci à l’équipage de « pluie de nuit ».
    Merci à Mme « navette ».

    Nous avons réservé une place pour un mois, au port de Rochefort, histoire d’hiverner le bateau vraiment à l’aise et de faire les travaux qui étaient prévus au printemps et qui n’ont pu être réalisés pour cause de « covid »: ponçage et application de vitrificateur sur le plancher, traitement du teck de la passerelle et autres bricolages . Plusieurs amis, habitant en Charente ou en Vendée ont profité de notre sédentarité pour venir nous rendre visite. Cette crise sanitaire nous fait apprécier encore plus ces moments précieux de retrouvailles avec des amis de longue date : Sophie et Michel, Gégé, Jean-Philippe , Jean-Claude et Ghislaine, Jean-Pierre et Danièle . Et voilà que déboule la méchante tempête Alex. Planqués comme nous sommes dans le port Rochefort, nous n’avons pas grand-chose à craindre et nous n’aurons à subir que quelques violentes rafales. Cette escale rochefortaise nous a permis de glisser doucement de la vie de voyageur des mers vers celle de terriens qui nous attend cet hiver. Nous y avons pris nos habitudes de balades à vélo le long de la Charente, en passant devant le superbe site de la Corderie royale et la belle frégate « l’Hermione », en empruntant le pont transbordeur d’Echillais, en sillonnant la vieille ville et le beau marché qui se tient trois fois par semaine.

    Charente-Maritime sept-oct 2020

    La corderie royale

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    l'arsenal de Rochefort

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    le pont transbordeur

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    Momo au port de Rochefort

    Et voilà déjà le moment de rejoindre le ponton du chantier de Soubise. Le coefficient est assez élevé pour nous sortir de l’eau le lendemain. Cela signifie aussi que le courant est assez impressionnant et que notre amarrage au ponton est assez incontrôlé ! La nuit, nous plantons de nouveau la quille dans la vase, encore plus profondément avec ce coefficient de 108, et l’idée de devoir faire monter Idemo sur une remorque avec ce courant de folie nous tient éveillés une bonne partie de la nuit. Le jour J est arrivé. Heureusement,  le responsable du chantier a envoyé son acolyte  pour préparer la manœuvre afin d’ éviter tout heurt avec Cap’tain René. A 17 h, nous sommes soulagés de voir que le courant se calme un peu et que la cale de sortie est bien protégée du flux.

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    Y a plus d'eau. Au secours...

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    Après le second essai, Idemo se trouve perché sur la remorque avant d’être callé sur des bers. Il nous reste deux jours de travaux sur chantier avant de passer la dernière nuit chez notre fille qui nous conduit le lendemain à La Rochelle pour un retour en TGV-Thalys-Masqué.

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    Momo perché sur ses bers au pied de la Charente

    SUITE AU PROCHAIN NUMERO...