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De Grèce vers l'Italie

Traversée en compagnie d'un grand cormoran

Ca y est.
C’est fait.
Après 26 mois de séjours cumulés, nous avons réussi à quitter la Grèce, le pays des Dieux et des Mythes. Mine de rien, pour nous, c’est un véritable exploit.

Notre retour à Préveza le 3 avril a mal commencé. Le temps était plus que mitigé et surtout les travaux de peinture n’étaient pas totalement terminés malgré les précédents dires du sympathique Panos, peintre de son état et aussi accessoirement, fournisseur de belles promesses non tenues.
Du coup, la mise à l’eau d’IDEMO a été retardée de 2 jours.
Peu importe, nous savons que pour armer le bateau, nous en avons pour une bonne semaine entre le gréement des voiles, la remise en route de l’électronique et des moteurs etc…
Il est par ailleurs sidérant de constater comme notre mémoire nous joue des tours après une absence de 6 mois : où a-t-on mis cela ? Comment ça fonctionne encore ce truc ?
Je suis passé, en quelques jours, du statut de réalisateur à celui de marin-bricoleur. L’état de mes mains cabossées, blessées, en témoignent. Passer du pianotage de clavier et maniement de la souris au serrage de boulons et au contorsions dans des espaces exigus ne se fait pas sans mal.
Pendant ce temps, et comme chaque début de saison, Sabine s’est envoyée en l’air.
A 20 mètres de haut exactement.
Pour vérifier la tête de mat.

Nous fêtons mon anniversaire le 7 avril en compagnie de Rose et d’Eric, nos amis de DOLCE VITA au « crazy schrimps », un de nos restos préférés à Préveza dont la spécialité est la ……je vous laisse deviner.

Une nav. de 35 nm avec du vent vers Paxos pour tout vérifier, sortir tout le « linge »(les voiles), tester Yan (le moteur), notre « voiture » (annexe ou dinghy) et Suzu (le moteur de l’annexe qui, accessoirement, peut se révéler un redoutable scalpeur de têtes, cf. photo 2017).

Le port de Paxos est joli comme tout, serti dans un bras de mer et protégé de tous vents et de toute houle…Ca, c’est la théorie.
Un jour, j’irai vivre en Théorie, ça a l’air vraiment sympa.
A côte de nous, il y a SERENITE, un voilier avec à son bord Antoine et Clotilde, 2 jeunes trentenaires qui ont décidé de changer de vie. Ca « clique » bien entre nous  et le soir, nous les retrouvons pour un pita gyros.
Ca accroche tellement bien que nous vidons quelques flacons de vin rouge qui nous font sombrer vers minuit dans un sommeil que nous croyons réparateur.
Sauf que le vent a viré au sud-est et que la mer envoie ses ondulations par la minuscule passe du sud en prenant Idemo pour un shaker. Résultat : la double peine.
Une gueule de bois et une nuit quasi blanche !

un dernier pita gyros                                                            Antoine et Clotilde sur la droite   

Nous sommes mi-avril et il y a déjà des « chartouilles » à Paxos qui ne tardent pas à s’emmêler les chaînes d’ancres. A partir du mois de mai, il faut savoir que ce joli petit port est bondé avec tous les inconvénients que la densité et la promiscuité amènent.
Depuis notre arrivée en Grèce, le temps est incertain et décevant. Le vent reste obstinément bloqué au sud ce qui amène de la pluie, des orages et de la fraîcheur.
Comme il nous faut rattraper une nuit de sommeil, nous allons mouiller dans la baie bien abritée de Mongonisi, à seulement 2 nm.
La météo annonce une amélioration du temps pour mardi 16 avril avec un vent revenant au nord.
Dans l’intervalle, nous allons bricoler, encore et toujours…remplacement du feu de navigation avant, fixation d’une retenue de bôme Walder (la pub est gratuite car c’est vraiment un bon outil) et remplacement du navtex et de son antenne.
1^er acte : remplacement du câble, complètement corrodé, du feu de navigation avant.
En fait, le câble passe à l’intérieur des tubes en inox du balcon avant, s’en va dans la baille à mouillage puis rejoint la cabine avant. On va donc faire une surliure et appliquer du scotch pour joindre l’ancien et le nouveau câble. Tirer sur l’un pour voir arriver l’autre.
Ca, c’est la théorie. Vous-ai-je déjà dit qu’un jour, j’aimerais bien y aller vivre…
Notre nouveau câble est très légèrement plus gros. Malgré notre acharnement légendaire, il a décidé que non, il ne passerait pas par ce petit trou ridicule.
Finalement, nous avons été obligés de démonter le balcon et de forer pour agrandir le trou !
Temps estimé = 2 heures  
Temps réel = 6 heures
C’est ça qui est agréable en bateau…
L’acte 2 est encore plus corsé…
Il s’agit de placer un « navtex », c-à-d un appareil capable de recevoir des messages urgents de navigation et des prévisions météo. Le problème est toujours le même, passer un câble depuis le portique arrière jusqu’à la table à cartes (une dizaine de mètres) en passant par  les aménagements et toutes sortes de goulottes déjà bien serrées.
Je vous passe les détails mais sachez que cela nous a pris 1 ½ journée !

Traversée sur l'arche de René !

Les prévisions météo sont bonnes et nous sommes quasi prêts. En route pour l’Italie et plus spécialement la ville de Crotone, distante de +- 145 nm (270 km). Départ à 8H30 par calme plat puis le vent rentre du Nord à 4 beaufort, soit pour nous une allure de bon plein. Ca bouge un peu mais on avance bien. Tellement bien que nous décidons de zapper Crotone et de nous dérouter vers Roccella Ionica plus au Sud.
Dès le début, une rousserolle vient se poser sur mon bras. Elle se laisse caresser. Puis arrive une grosse tourterelle plus farouche. Nous nous demandons ce qu’il se passe car ce ne sont maintenant pas moins de 4 hirondelles qui viennent se poser près de nous. Juste avant la nuit, nous avons un autre client, plus sérieux celui-là, un grand cormoran qui s’approprie nos panneaux solaires.
Nous avons nettement l’impression que tous ces volatiles, 7 au total tout de même, se préparent pour une bonne nuit alors que nous allons devoir faire des quarts de vieille ! Cherchez l’erreur.
Nous n’avons pas l’envie de les chasser même si nous nous doutons qu’ils vont nous laisser quelques « souvenirs scatologiques ».

Le vent se renforce la nuit pour atteindre 20-25 kn soit 5-6 bft en abattant heureusement pour nous permettre de progresser au portant. N’empêche, ça remue pas mal et tout devient compliqué : se nourrir, se reposer et faire pipi. On se cogne partout.
A 20 nm des côtes, le vent tombe et nos compagnons de route nous quittent. Dommage, cela aurait fait de l’effet d’entrer au port avec un grand cormoran sur notre arceau…

Arrivée à 14H30 soit 30 H de nav soit 6,5 de moyenne. Pas mal du tout. Accueil très aimable à la marina di Rocella. Quelques équipages de bateaux ont hiverné ici et nous sommes très vite embarqués le lendemain avec toute la bande (1 équipage anglais, 2 brésiliens, 1 allemand) pour aller au marché avec nos vélos en passant le long de la mer entre des myriades de fleurs. Très joli.

La Calabre est un petit peu la région oubliée d’Italie. Pas de tourisme de masse. Est-ce pour cette raison que nous sommes frappés par la gentillesse de ces habitants ?
Par contre, la ville de Roccella, distante de 3 km, ne vaut pas vraiment le déplacement même si celui-ci s'effectue sur une belle piste cyclable. Seuls points d'intérêts : la citadelle médiévale et une plage de sable fin sans fin...

Dimanche de Pâques. Nous sommes invités ce matin à participer à la recherche de paniers d’œufs que Ute, une allemande, a confectionné et caché sur la plage. Nous avons l’impression de retomber en enfance et c’est bien agréable.

Marco,Paul, René,Gabriella,Sabine,Heloisa,Ute,Casi,Renato,Bert

 Tradition anglo-saxonne oblige, le barbecue du midi regroupe quasi tous les équipages soit à peu près une vingtaine de personnes. Tout le monde a préparé des plats que l’on se partage.
 Cette vie de bateau n’est pas toujours facile mais elle permet de rencontrer rapidement des gens avec lesquels on va passer quelques moments, quelle que soit l’origine ou la langue.

  Demain, nous allons nous attaquer au dernier gros boulot, à savoir la mise en place sur le pont d’un bloqueur à came et d’une poulie de renvoi. Temps estimé : 4 H. Temps réel : ???
 La journée entière, mon bon monsieur. Le boulot en lui-même c’est 20 minutes. Par contre, trouver le passage derrière le vaigrage, démonter les aménagements et les vider et puis évidemment tout remonter… Croyez-le ou pas, une journée pour fixer 2 boulons et 2 écrous !
 Etant donné l’intérêt manifesté par les « barbecuesards », nous avons projeté le film de  notre tour du monde au club-house ce soir. Encore une belle soirée. Tant mieux car depuis lundi matin, la météo est catastrophique. Il y a une grosse tempête pas loin de nous vers le Sud avec des vents de 8-9 beaufort qui amènent une houle immense qui déferle dans la passe d’entrée. Impossible d’entrer ou de sortir. Même s’il y a pas mal de remous à l’intérieur du port, nous sommes tout de même bien abrités.

au fond, l'entrée de la marina...

 Nous comptions quitter ce mercredi pour rejoindre Taormina en Sicile.
 Il nous faudra patienter.
 Telle est la loi de la mer.
 Suite au prochain épisode en Sicile.

Ami navigateur : le port de Rocella est bien abrité par une immense digue. Les meilleures places sont au fond de la marina. Toutefois, la passe d'entrée peut s'avérer difficile dès que la mer se réveille. Les vagues déferlent à l'entrée. Il faut bien arrondir le môle. Nous avons eu au minimum 3,20 m. Prix dégressif au nombre de jours : 54 puis 45 puis 31 pour nous jusqu'à la 7ème gratuite dont nous profitons car il est impossible de sortir du port

IDEMO - C