• Espagne P 1- juillet 2019

    La côte espagnole( d’Altea à Almeria)
    costa Blanca-costa Calida-costa de Almeria

     

                                   Par René

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    Espagne P 1- juillet 2019

    Espagne P 1- juillet 2019

    Comment vous dire….
    J’avais déjà de gros doutes en arrivant à Altea alors que cette station est présentée comme l’une des plus belles de la costa Blanca.
    Certes, la minuscule vieille ville est agréable mais déjà prise d’assaut en ce début juillet par des hordes de touristes.
    Que dire du reste, c’est bétonné et plein de monde avec de très longues plages de sable comme souvent en Espagne. Le « paseo» ( la promenade du long de mer) est immense et bien aménagé, ce qui nous permet d’utiliser nos vélos en observant au petit matin tous ces gens qui courent, qui galopent, qui « fitnessent » tout en étant connectés. Etrange. Drôle de monde dans lequel tu vis Thorgal…

    Espagne P 1- juillet 2019

    Espagne P 1- juillet 2019 Espagne P 1- juillet 2019

    Espagne P 1- juillet 2019


    Il fait très chaud mais heureusement, l’accès à la piscine est compris dans le prix de la marina. Et puis, il y a nos amis belges Daniel et Anne-Françoise qui nous emmènent dans un très bon resto « Sabor » juste en face de la marina.
    Au large sévit une grosse période de mauvais temps avec une multitude de dépressions mouvantes. Nous sommes bien abrités mais assisterons malgré tout, à plusieurs reprises, à un phénomène particulier : d’un coup, subitement, des veines de courant apparaissent dans le port, les bateaux tirent horriblement sur leurs amarres (elles sont toutes munies de ressorts), la profondeur monte ou descend de 90 cm en une demi-heure. Impressionnant. Comme si on repassait les écluses de Panama…
    Puis ça se calme complètement jusqu’au prochain coup. D’après Daniel, c’est un phénomène courant ici à Altea sauf que cela n’atteint jamais cette ampleur !
    Les dépressions sont passées, nous naviguons à la voile vers l’île de Tabarca avec une belle houle résiduelle en passant devant la hideuse station de Benidorm.

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    Benidorm


    Nous mouillons du côté Nord de cette petite île où se balancent déjà une trentaine de bateaux car la houle contourne facilement ce bout de terre rectiligne. Délibérément, nous ancrons un peu à l’écart afin de positionner une ancre arrière qui nous maintiendra dans l’axe de la houle. Indéniablement, notre confort est de loin supérieur aux autres bateaux. Jusqu’au crépuscule, période que choisit le vent pour changer brutalement de direction en levant un clapot qui vient s’écraser méchamment sur la poupe du bateau.
    Tous les bateaux sont dans une direction opposée à la nôtre…
    Cela devient intenable et nous décidons de larguer le mouillage arrière en lui adjoignant une défense afin de pouvoir le récupérer le lendemain. Sauf que, une heure plus tard, le vent tombe totalement et les bateaux, le nôtre y compris, se mettent travers à la houle. C’est possiblement l’enfer. Pas moyen de dormir. C’est la nuit noire, je prends la lampe-torche et aperçois la défense, donc la ligne de mouillage, à une dizaine de mètres d’Idemo. Il est 2 heures du mat et j’ai envie de dormir un peu. Une plongée de nuit s’impose pour récupérer le mouillage, le souquer pour placer Idemo à nouveau dans l’axe.
    Ah c’est plus confortable. Encore une bonne demi-heure pour laisser descendre l’adrénaline d’une plongée nocturne et nous dormirons peut-être 2-3 heures…

    56 nm nous séparent de Carthagène en Murcie. Cela faisait bien longtemps que nous rêvions de cette escale tant d’autres équipages nous en avaient dit du bien.
    Avouons-le, nous avons été quelque peu déçus.
    Cela commence avec l’accueil à la marina.  Le problème avec IDEMO, c’est que sur les papiers officiels, il est indiqué une longueur de 12,60 mètres alors qu’en réalité la longueur hors-tout est de 14 mètres. En outre, le maître bau est 4,40 mètres, ce qui est beaucoup pour un bateau de cette taille. Comme nous ne désirons pas payer un surplus, nous ne contredisons jamais les documents officiels.
    Du coup, les marineros ont tendance à nous placer en compagnie de bateaux plus petits, ce qui vous en conviendrez, mon cher Watson, ne fait pas les affaires du capitaine pour les manœuvres…Et justement, je refuse la place que l’on nous propose où il faudrait que Momo rapétisse d’un coup comme par magie. Le marinero râle et finit par nous octroyer une place à l’entrée de la marina où nous nous amarrons au catway. Très vite, nous nous rendons compte qu’il a voulu se venger : nous subissons le clapot mais en plus, le catway fait un bruit métallique d’enfer en cognant le pylone…CLANG, CLANG, CLANG. Impossible de rester ici. Nous allons devoir faire amende honorable et accepter la 1ère proposition en nous glissant avec de la vaseline dans un emplacement où je me demande bien comment je vais faire pour en sortir un jour. Tout ça pour ça.

    Espagne P 1- juillet 2019

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    Espagne P 1- juillet 2019

    une histoire minière

    Vous serez probablement très étonné d’apprendre que Carthagène, 200.000 habitants, était déjà fréquenté aux temps des Carthaginois. L’importance de son port naturel et des richesses minières de la région expliquent l’intérêt que lui ont porté les civilisations méditerranéennes.
    Et effectivement, elle a de beaux restes comme le théâtre romain ou quelques beaux édifices. Nous visitons la « casa de la fortuna », une domus de l’époque romaine qui décrit la vie de l’époque. Sympa. Ce qui nous a chagriné à Carthagène, c’est le mélange de ces beaux immeubles avec des immeubles complètement délabrés et une ambiance « grandeur et décadence ».
    Mais bon, je suis peut-être un peu sévère car nous avons tout de même réussi à dégoter un super resto à tapas en centre-ville. C’est d’ailleurs une des rares bonnes surprises de cette côte espagnole, c’est que l’on arrive à trouver des petits restos de qualité à prix d’ami, un peu comme en Grèce.
    N’oublions pas que nous sommes au pays des tapas, un véritable art de vivre. Ces infernales gourmandises ont vite dépassé le stade de simples amuse-gueules pour devenir de véritables échantillons de dégustation. Nous adorons !
    Par contre, au point de vue de l’approvisionnement, les supermarchés offrent une qualité encore inférieure à ce que l’on trouve dans d’autres pays européens. Il faut vraiment essayer de trouver des bouchers et des boulangeries indépendants, des marchés fruits et légumes pour trouver des produits de qualité. Surtout lorsque l’on vient de la caverne d’Ali-Baba qu’est la Sardaigne…
    Nous commençons à devenir « fiu », expression polynésienne qui signifie extrêmement las. Depuis 3 mois, nous avons parcouru 1.800 nm. Ce n’est pas tant la distance, comparé à ce que nous avons fait durant le tour du monde, mais plutôt la répétition de petites navigations, d’amarrages, de mouillages, d’entrées et sorties de port, de visites, de problèmes techniques…
    Du coup, nous nous arrêtons seulement 12 nm après Carthagène dans la station balnéaire de Mazarron. C’est encore pire qu’ Altea.

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    la plage de Mazarron

    Malgré tout, nous allons y faire une bonne affaire.
    Les 2 vélos « bon marché » achetés il y a 2 ans sont complètement corrodés et rouillés. Comme ces bicyclettes nous sont devenues indispensables, nous pensions les « tirer » jusqu’à la fin de la saison.
    En revenant du supermercado, nous passons devant le magasin de vélos d’Oscar, « un espanol de pure raça », comme il le dit lui-même. Lorsqu’il nous demande d’où on vient et que nous lui répondons que nous avons vécu une bonne partie de notre vie à Bruxelles, dans des communes limitrophes à MOLENBEEK, il devient rouge comme le sang du taureau agonisant dans l’arène et nous plaint sincèrement.
    Son idée est faite, inutile de lui expliquer que nous avons eu, par le passé il est vrai, de très belles années dans ces contrées dangereuses !
    N’empêche, grâce à quelques djihadistes, la commune de MOLENBEEK est devenue célèbre dans le monde entier.
    Oscar est bon vendeur et nous sommes bons acheteurs. Beaucoup d’espagnols, à l’instar de beaucoup de grecs, adorent faire plusieurs choses en même temps, répondre à l’un tout en s’occupant d’un autre, donner un petit coup de tournevis sur notre futur vélo avant de voler vers un autre bicycle pour l’asperger de spray silicone tout en répondant au téléphone et en mangeant son sandwich. Oscar doit être un champion du monde, il est nerveux et court dans tous les sens sans que cette énergie, malheureusement, ne débouche sur quelque chose de réellement efficace. Moi, j’appelle ça « brasser du vent » et ça me rend nerveux pour la négociation. Avec une belle remise, nous voilà partis au guidon de superbes vélos pliants à ASSISTANCE ELECTRIQUE. Cela fait longtemps que nous en rêvions et c’est complètement magique, surtout par cette chaleur d’enfer.
    Alguilas est à 18 nm plus au sud et son mouillage semble abrité, en théorie. Vous ais-je déjà dit qu’un jour….
    Encore une fois, l’environnement est moche et les quelques bateaux présents tanguent légèrement en faisant face à l’entrée de la baie…

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    Alguilas


    A la tombée de la nuit, le vent forcit et nous commençons à faire des bonds dans le port. Nous essayons de dormir en vain. Cela forcit de plus en plus. A 2H du matin, je prends la décision d’aller mouiller de l’autre côté de la baie. Je n’aime pas faire ça car j’ai toujours peur de prendre quelque chose dans l’hélice. Ca y est, nous sommes ancrés. La mer du vent est plus calme mais la houle, encore une fois, contourne le môle et nous fait rouler bord sur bord !
    Encore une nuit blanche.
    A ce moment du récit, vous vous dites : nous ne savions pas que Sabine et René étaient masochistes. Nous, non plus…
    Comme nous sommes éveillés, nous nous mettons en route dès les premières ombres naissantes de l’aurore, soit vers les 6h du mat. Notre objectif suprême pour la nuit suivante est de DORMIR.
    Donc, pas question de mouillage, nous allons tenter de rejoindre, avant la nuit, la marina d’Aguadulce distante de 74 nm. Au début moteur puis le vent se lève pour atteindre 4-5 beaufort au portant sur une mer peu agitée.
    IDEMO, gréé avec 3 voiles (la grand-voile, le génois tangonné et la trinquette) pour une surface totale de 130 m2, file entre 6 et 7 knt. Le rêve !
    Nous approchons du fameux « cabo de Gata ». Le décor est magnifique et préservé car c’est un parc naturel. Le vent forcit, la mer blanchit.
    Désolé, j’avais envie de faire une rime…
    Nous enroulons la trinquette puis nous affalons la GV. Ensuite, nous prenons 1 ou 2 ris dans le génois. Il y a maintenant 25 à 30 knt de vent.
    Quel coin mal pavé. Je ne voudrais pas passer ici par gros temps.        

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    A l'approche du Cabo de Gata

      
    En arrivant à Aguadulce, nous avons l’impression de pénétrer à Manhattan. Des tours et des buildings et une plage à n’en plus finir constellé de parasols de toutes les couleurs.
    La marina est bien protégée et nous allons bien dormir !
    Nous n’aimons pas cet endroit hyper-touristique mais les prix pour laisser IDEMO sont intéressants et Aguadulce est à 15 km d’Almeria et de son aéroport international.
    Nous devons rentrer en BELUX(contraction de Belgique et de Luxembourg)pour une durée indéterminée en raison de soucis administratifs et pour tenter de récupérer notre appartement occupé par un locataire malhonnête, pour ne pas dire plus.
    Le lendemain, nous prenons le bus pour Almeria. C’est une bonne surprise. Almeria est une ville portuaire vivante, où Espagne et Magreb se rencontrent. Elle est bien aménagée et a du charme. Et surtout, elle abrite l’Alcazaba, une majestueuse forteresse arabe dominant la ville. C’est la plus grande d’Andalousie, après l’Alhambra de Grenade. Avec ses murailles crénelées et son réseau de bassins et canaux, c’est une sorte d’oasis de verdure perdue dans un décor minéral austère.
    Elle vaut vraiment la visite.

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    la cathédrale d'Almeria


    La canicule s’installe doucement. Le matin, nous préparons IDEMO pour l’estivage. Par contre, l’après-midi, il fait 35°C dans le bateau et la seule activité envisageable est de se mêler aux hordes de vacanciers et de parasols sur la plage en sirotant un granizado de limon entre 2 incursions dans la grande bleue au milieu des jet-skis.
    El flamenco grita lo que mi alma calla….le flamenco crie ce que mon âme tait !
    Le flamenco puise ses origines, ici, en Andalousie. Ce sont les gitans andalous qui ont créé le genre musical flamenco au 18ème siècle. Au départ, le cante flamenco était uniquement vocal a cappella et représentait l’expression des pauvres. Pour la rythmique, on claque des mains (palmas) et des pieds (zapateado). La guitare et les danseuses (bailaora) sont venues plus tard. Depuis, le flamenco a emprunté mille chemins et est inscrit, depuis 2010, sur la liste du patrimoine immatériel de l’UNESCO.
    Depuis la fin des années 80, le flamenco s’est mis à résonner partout.
    Nous avons donc assisté à un authentique spectacle de flamenco.

    Video spectacle de flamenco

    Nous n’avons pas été touchés par les chants, peu mélodieux et synonymes de souffrance même si l’engagement est total.

    C’est comme un cri, une déchirure qui vient des tripes et qui nous fait saigner les oreilles…
    Par contre, les danseuses étaient vraiment impressionnantes, quasi animales. On aurait dit qu’elles étaient en transe…Une vraie performance

    Hasta luego

    Ami navigateur : les mouillages sont très peu nombreux sur cette côte et de piètre qualité sauf peut-être par temps calme et établi. Il vaut mieux, à mon sens, naviguer par grandes étapes, rejoindre un port et éventuellement visiter un peu l’intérieur du pays…
    Les prix des ports sont très variables et sujets à l’époque de l’année. Quelques exemples :
    Altea = 153 euros/3 nuits
    Carthagène = 127 euros/3 nuits
    Mazarron = 104 euros/ 2 nuits
    Aguadulce = 33 euros/nuit