• Pays-Bas/Allemagne avril 22

    De Lemmer (NL) à Laboe (DE)

     

    Pays-Bas/Allemagne avril 22

    Pays-Bas/Allemagne avril 22 

    Début de saison 2022

    8 avril, ça y est nous sommes prêts à partir pour rejoindre notre machine à voyager. Nous sommes impatients de sortir de notre « train-train » d’hiver pour poursuivre notre projet de navigation vers la Baltique.  Les affaires courantes ont été expédiées à un rythme d’enfer, la voiture est chargée à ras bord de matériel pour le bateau, et nous , on a envie d’humer l’air marin ! Mais avant de humer, il va falloir travailler !

    Nous retrouvons le bateau sur ses bers au chantier Maronier de Lemmer aux Pays-bas, à 400 km de chez nous. Nous avions quitté un bateau bleu et blanc, nous retrouvons un bateau bleu, gris, vert !  Entre le nettoyage du pont et de la coque, l’application de l’antifouling et la remise en état de l’intérieur du bateau, nous n’allons pas chômer.  Nous commençons nos journées de 8 h sous un grand soleil mais par un froid de canard.

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    Le grand air, le froid, les problèmes divers et variés, plus l’activité physique intense nous transforment dès le premier soir en zombies courbaturés, prêts à être bordés à 20h30 ! On n’a plus vingt ans et c’est vrai, on s’est un peu encroûtés pendant l’hiver. Quelle bonne idée nous avons  eue de louer un bungalow dans le « Bungalowpark  Iselmar ». Pas cher, très simple mais fonctionnel et à 2 km du bateau. Au moins, après nos rudes journées de travail, nous pouvons nous réchauffer, prendre une douche, manger correctement et nous écrouler tranquillement. Mais tout de même, la tension commence à monter.

    Le bateau est prêt à être mis à l’eau, reste à savoir si les travaux de remplacement des silent-blocks, du presse-étoupe et d’alignement de l’arbre d’hélice, effectués par Hans, le mécano Yanmar du chantier, ne posent pas de problèmes. Et devinez quoi ? Il y a des problèmes ! Le moteur n’est pas bien aligné, le presse-étoupe fuit, l'eau entre dans le bateau, le pseudo pro s’avère être nul, le capitaine pète un câble et le second en a marre !

    Après trois  interventions supplémentaires du fameux Hans, surnommé « Hans le bourrin » et un retour dans les sangles, rien n’y fait. Nous constatons plusieurs aberrations dans son travail.  Le problème pour lequel nous avons demandé son intervention n’est pas réglé et il arrive au bout de ses capacités. Comme dirait un bon Bruxellois : « Quelle klet ce pey »

    Deux petits après-midis de détente « balade- glace » ne suffisent pas à détendre l’atmosphère. On se demande ce qu’on fout là, on se prend la tête, les illusions de vie fabuleuse sur la mer s’envolent, la question de mettre le bateau en vente nous effleure.

    Dans un sursaut d’optimisme, nous décidons que le problème pourra peut-être attendre la fin de la saison et décidons de faire un galop d’essai sur l’Ijsselmeer vers Hindeloopen.  Cela fait du bien de remettre un horizon devant l’étrave, un cap vers un ailleurs, de coopérer pour tirer des bords et …… de galérer pour rentrer la grand-voile par un force 5 sorti de nulle part.

    le merveilleux village de Hindeloopen

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    de très bonnes bières

     

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    Comme le force 5 va s’intensifier vers un bon force 6 et un « windwaarschuwing » (avis de vent fort), nous restons quelques jours à Hindeloopen pour terminer quelques bricoles et nous imprégner de l’authenticité rassurante des petits villages frisons. Canaux bordés de fleurs, petits ponts d’époque, maisons chaleureuses, moulins à vent, platboden, accent incompréhensible, tout y est, nous sommes en Frise !

    Je me suis toujours demandé pourquoi j’aimais tellement les petites villes authentiques, restées pareilles depuis des décennies, dans lesquelles chaque petit détail raconte l’histoire d’un terroir, de traditions ancestrales. J’adore ce qui a été préservé de la modernité, qui est resté en quelque sorte dans l’immobilisme. Ce qui est totalement en contradiction avec la vie que nous menons, sans attaches territoriales, en mouvance perpétuelle. Est-ce un phénomène de compensation, le besoin d’être rassurée, la recherche de l’endroit idéal pour arrêter un jour le voyage ?

    la mer des Wadden

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    En attendant, les bonnes conditions météo se mettent en place pour nous permettre de continuer notre route. Nous allons progressivement vers la pleine mer d’abord en sortant de l’Ijsselmeer par l’écluse de Kornwederzand, ensuite en suivant les chenaux de la mer semi-fermée des Wadden pour faire escale  sur l’île de Terschellingen. Avec Texel, Vlieland et Ameland, Terschellingen fait partie du chapelet d’îles hollandaises des Wadden, refuge des phoques, réserve d’oiseaux marins et paradis des fameux bateaux traditionnels à fond plat : les platboden qui glissent majestueusement sur ces eaux à très faibles profondeurs. Le 27 avril, à Terschellingen comme dans tous les Pays-Bas, le « Koningsdag » est dûment fêté. De grands drapeaux nationaux flottent sur toutes les façades et la couleur orange, la couleur des hollandais, est de mise partout. C’est la couleur vestimentaire, la couleur de cheveux, la couleur de décoration dominante. Les rues du village sont bondées, partout des jeux sont organisés pour les enfants, on mange des kibbeling, (morceaux de cabillaud frits), des lekkerbek (filets de cabillaud frits) des sandwichs au hareng ou aux crevettes, le tout arrosé de bières locales. Ce n’est pas très diététique, mais c’est excellent, ça réchauffe et ça tient au corps ! Vu le gabarit et la vie rude des gars d’ici, on comprend mieux leurs habitudes alimentaires roboratives. Pour digérer le tout, nous sortons nos vélos et partons à l’assaut des innombrables pistes cyclables qui sillonnent l’île entre les très belles dunes et les pinèdes et nous mènent au nord de l’île où s’étendent d’immenses plages de sable fin.

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    chenal d'entrée de Terschellingen

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    "Koningdag" ambiance

     

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    le pays du vélo

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    des plages immenses

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    une nature vierge

    Le capitaine est plongé dans  ses calculs de marée, de courant et reprend plusieurs fois la météo car il ne faut pas se louper pour emprunter les chenaux de sortie entre ces îles qui sont soumis à des courants très forts et dans lesquels vent contre marée peut engendrer une situation qui se rapproche de l’apocalypse ! Pas de risque d’apocalypse, me rassure le capitaine, le vent sera de 10 à 20 nœuds, et le courant portant. Ainsi soit-il, je ne suis tout même pas rassurée pour cette première navigation sérieuse de la saison. Et c’est la fleur au gilet que nous quittons Terschellingen au petit matin pour 8O miles jusqu’à Borkum en Allemagne. Tout se passe comme prévu sauf que même dans ces conditions plus ou moins clémentes, nous nous faisons secouer plus que prévu au près serré et comme nous ne sommes pas encore réellement amarinés, l’apocalypse s’installe doucement dans nos estomacs. Ce n’est qu’en début d’après-midi que le vent adonne un peu et que nous pouvons prendre un meilleur cap.

    Nous reprenons des couleurs, arrivons à manger autre chose que des galettes sèches et arrivons à Borkum à 21h30. Il reste une petite place en bout de quai. L’endroit n’est pas très avenant mais peu importe, nous repartirons demain assez tôt pour Nordernay, une autre petite île des Wadden allemandes. Ainsi dit, ainsi fait, nous reprenons le chenal en sens inverse au petit matin, et trouvons un bon vent N-NE au large. Idemo avance super bien, nous nous sentons beaucoup mieux que la veille et les 6 h de courant portant nous font faire une moyenne d’enfer ! Allez, hop on continue jusqu’à Cuxhaven, on devrait arriver aux environs de minuit. Cuxhaven se trouve à l’embouchure de l’Elbe qui draine un très important trafic de cargo en provenance et à destination de Hamburg. A l’approche de l’embouchure nous devons nous rapprocher tout près du rail des cargos et même le partager avec ces mastodontes à certains endroits. Là également, il s’agit de bien calculer son approche en fonction des marées et du vent pour ne pas aller à l’encontre du courant qui peut atteindre 3-4 nœuds. Nous avons le courant dans le cul et abordons l’entrée étroite de la marina de Cuxhaven en mode dérapage contrôlé à 23 H. Nous trouvons une place le long du quai réservé normalement au bateau de 15 m et plus. Tant pis, Momo a de toute façon tout d’un « grand » et nous n’avons plus le courage de jouer du lasso pour nous amarrer entre les poteaux. Après une bonne nuit, nous découvrons Cuxhaven, son port de pêche, ses plages parsemées de « corbeilles » et …. Pas grand-chose d’autre si ce n'est un excellent glacier, véritable institution locale. Il s’agit seulement içi d’une bonne escale avant d’embouquer le canal de Kiel.

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    la fameuse jetée en bois de 1773 "Alte Liebe"

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    le club-house de Cuxhaven

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    les "corbeilles" protectrices

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    le top !

    Le lendemain, nous entamons les 13 nm qui nous séparent des écluses du canal. Là encore, calculs et recalculs sont de mise pour profiter du courant. Une petite erreur a dû de se glisser dans les nôtres car nous n’avançons guère. A ce train-là nous allons mettre      4 heures pour arriver à l’écluse ! Nous traînons tellement que nous sommes contactés à la VHF par un cargo à quai qui attend que nous dégagions pour larguer les amarres ! Sur indication du bateau-pilote qui patrouille constamment la zone, nous sortons du chenal côté tribord ou il y a suffisamment de fond pour nous et où nous ne gênons personne avec notre train de sénateur. Nous arrivons enfin à proximité de la zone d’attente de l’écluse de Brunsbüttel, entre les cargos en attente, les cargos en manœuvre, les bateaux touristes et les bateaux-pilotes. Dans la foulée, l’ancienne écluse sud destinée à la plaisance s’ouvre, le feu blanc clignote, signe que nous pouvons entrer dans l’écluse, et nous amarrer à de vétustes passerelles flottant au ras de l’eau. Heureusement que nous étions préparés : défenses lestées avec des plombs de plongée, bouée-marche à poste et Bibine avec des bottes ! 

    les écluses du canal de Kiel

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    escale champêtre à Gieselau canal

     

    L’affaire est rapidement expédiée et nous voilà sur le canal de Kiel. Il suffit maintenant de suivre le chenal sur 90 km en serrant bien à tribord pour laisser le passage au trafic impressionnant des cargos. Nous nous relayons à la barre, c’est assez fatiguant et monotone, nous allons donc faire escale pour la nuit sur un petit chenal annexe qui mène à l‘écluse de Gieselau au km 40,5. On peut s’amarrer de part et d’autre aux pontons d’attente et passer la nuit en pleine nature dans un calme absolu en compagnie de cygnes et de canards. Mais sur Idemo, le calme absolu est vie troublé par les ennuis techniques, voilà maintenant que notre WC électrique refoule dangereusement, menaçant d’inonder le cabinet de toilette d’une eau brunâtre malodorante. On ne se laisse pas abattre, on retrousse les manches et on commence par remplacer la pompe électrique qui a un certain âge et le tuyau d’évacuation qui est certainement entartré. On démonte le WC, le placard de vêtement de René et la moitié du bateau pour trouver les outils et les pièces de rechange. Raté, le problème demeure. Tant pis, on a une deuxième toilette, on se remet en route et on avisera de l’autre côté du canal de Kiel. Nous reprenons notre route, habitués maintenant à côtoyer les portes-containers et arrivons aux écluses de sortie à Holtenau. Nous nous amarrons à un ponton au nord  du port intérieur pour régler notre passage à un guichet automatique : 18 euros, ça va !

    Nous avons à peine payé que nous sommes invités à entrer fissa dans la nouvelle écluse aux côtés de 2 gros cargos avec le même principe d’amarrage au ras de l’eau. 10 minutes d’éclusage et nous voilà en Baltique ! Il fait un soleil radieux, il y a des bateaux partout, nous sommes heureux d’avoir franchi cette étape.

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    arrivée à Laboe

    Joie de courte durée puisqu’une fois amarré à la marina de Laboe en Allemagne, nous décidons de nous replonger dans les problèmes de WC. René enfile sa nouvelle combinaison de plongée semi-étanche pour aller vérifier dans une eau à 12 degrés le bon fonctionnement de la vanne d’évacuation du tank d’eau noire. Elle fonctionne bien, nous en déduisons que le problème se situe dans les tuyauteries de la cuve. Par sécurité nous nous déplaçons jusqu’à la l’installation de pompage de cuve à eau noire de la marina, qui ne fonctionne pas très bien. Avons-nous seulement aspiré quelque chose ? Etape suivante : défaire le tuyau d’évacuation à l’intérieur du placard. Résultat : rien ne coule, donc il y a un bouchon à l’intérieur de la cuve, cqfd. Donc, René introduit une tige dans l’évacuation de la cuve, un petit filet de jus brun se met à couler. C’est gérable, il remplit gentiment le seau que nous avions prévu à cet effet. Mais un petit filet, ce n’est pas suffisant, en insistant un peu plus on devrait réussir à déboucher mieux ledit tuyau. Eh bien, nous avons réussi ! C’est un geyser de jus de caca qui nous a inondés générant une panique irrépressible, une frénésie de transfert de seaux, une précipitation d’essuyages inutiles pour essayer de contrer le flot de 60 Litres de caca-pipi accumulés.  L’opération s’est soldée par des heures de nettoyage et de désinfection des placards, des planchers et des fonds mais on a réussi ! Nous visitons tout de même la petite station balnéaire de Laboe, mais le courant ne passe pas vraiment. Le masque est ici encore omniprésent bien qu’il ne soit plus obligatoire depuis la mi-avril. La majorité de la population continue à l’utiliser et il est encore imposé par certain commerçants. Les panneaux d’interdiction pullulent, l’accès aux plages est payant et les rapports humains sont assez froids. Si l’on rajoute à cela la liste des ennuis divers et variés : un tél. portable complètement bloqué, le nouveau presse-étoupe qui fuit de plus en plus, le groupe électrogène qui ne fonctionne plus. On ne peut pas dire que nous ayons la banane !