Pays-Bas-Belgique mai 23

 

  +- 300 nm

9 mai. Evidemment, lorsque nous avons laissé IDEMO au nord des Pays-Bas à l'automne passé, ce n’était pas prévu que l’on déménage en Bretagne, dans le Finistère sud.
N’empêche, prendre 6 trains, 3 bus, 2 transferts en voiture et 1 métro pour rejoindre le bateau à Lemmer en Frise, au nord des Pays-Bas, c’est beaucoup !

IDEMO a été stocké au plus près de grands bâtiments qui l’abritent des forts vents hivernaux du secteur ouest. Par contre, après un hiver long et pluvieux et l’air ne circulant pas très bien, le bateau est VERT de mousses. Cette moisissure s’est infiltrée partout !
Heureusement, l’intérieur est bien sec grâce à notre double vitrage et à nos déshumidificateurs.
Pas mal de travail nous attend même si nous avons décidé cette année de ne pas mettre les petits plats dans les grands. On reporte par exemple les travaux sur le pont en teck à plus tard…
Mais nous sommes un peu inquiets car nous avons commandé des travaux quelque peu « délicats » cet hiver et les très mauvais souvenirs réalisés par « Hans le bourrin » (cf. article  Pays-Bas-Allemagne avril 22   …) remontent à la surface.
Les travaux consistaient à changer la bague hydrolube et à vérifier la rectitude de l’arbre d’hélice.
Pour ce faire, le safran, le presse-étoupe, l’arbre et l’hélice ont été enlevés. Le 16 mai, par vent fort, IDEMO est levé assez haut dans les sangles et le « jeu » consiste à laisser descendre pile poil les 16.500 kg d’IDEMO sur le safran.
Pas facile et nous entendons, à un moment donné un bruit inquiétant…
Une fois dans l’eau, on vérifie s’il n’y a pas d’entrée d’eau et nous allons faire un petit essai.
R.A.S pour le moment. On souffle un peu.

 

la fameuse régate annuelle de "skutjes"  les bateaux à fond plat, qui amène beaucoup de monde à Lemmer

Le 20 mai, nous quittons Lemmer pour traverser l’Ijsselmeer vers Medemblik par un bon vent de travers. Tout va bien lors de ces 23 nm (+- 40 km). Il fait beau, venté et (très) frais avec ce nordet.
Medemblik est un magnifique village, encore un. Comme Enkhuizen, comme Lemmer, comme Hindeloopen…etc.  C’est à se demander s’il existe aux Pays-Bas des villages moches…

en route vers Medemblik

 

Momo à Medemblik

 

le château de Radbout à Medemblik

Les hollandais eux n’ont pas changé. Toujours aussi directs, sans détour, francs. C’est « carré » de chez « carré ». On rigolera plus tard. Mais en général, on en a pour son argent, ni plus ni moins.

J’ai oublié de vous dire que nos plans ont changé. Nous ne retournerons pas en Scandinavie, nous n’irons pas tremper la quille d’IDEMO dans les fjords de l’ouest norvégien. Ce n’est pas l’envie qui manque pourtant.
Si nous étions hollandais, on aurait pu dire « te veel is te veel ». Trop c’est trop entre le déménagement international et toutes les formalités qui s’y associent, entre les demandes de pensions dans différents pays, entre les travaux dans la nouvelle maison et d’autres problèmes fonciers en Belgique etc…
Et cela, sans parler de la fracture de Sabine dont l’évolution est quelque peu décevante.
Il a fallu faire des choix d’autant plus que nous avons trouvé une place de port pour Momo à 1H30 de notre maison.
L’occasion fait le larron !

Nous prenons donc la direction du sud. Cela tombe plutôt bien car voilà des semaines qu’un vent du Nord-Est très soutenu et très froid souffle sans discontinuer. Nous nous laissons donc pousser par le vent, de l’Ijsselmeer jusqu’au Markermeer et plus précisément vers le Gouwzee à Volendam près d’Edam, de Monnikendam, pas très loin d’Amsterdam. Bref, nous sommes au pays des « dammen » c-à-d des digues en tout genre. Il faut dire que ce grand golfe au N des Pays-Bas, autrefois appelé Zuiderzee représentait un très grand danger d’inondation des terres environnantes. Il a été totalement fermé, au N par l’Afsluitdijk le séparant des Wadden et au S par la digue Enkhuizen-Lelystad en 1975 , pour le transformer en lac d’eau douce et en polders. Ces travaux gigantesques ainsi que ceux du plan Delta en Zeelande sont classés parmi les plus grandes réalisations d’ingénierie au monde.

 

 

Littéralement, la maison où l'on discute... 

 

 

2 personnages typiques du nord de la Hollande... 

 

Volendam ne se visite pas sans faire un tour à Marken, cette presqu’île située juste en face. Pour ce faire, nous laissons Momo au port pour embarquer sur un autre bateau, le Volendam Express (qui n’a d’express que le nom car à ce rythme, 5 nœuds de moyenne, on pourrait appeler notre bateau le Momo express !!). La journée s’annonce superbe mais le vent glacial du NE souffle toujours nous obligeant à porter doudoune et bonnet en plein mois de mai ! Tout est resté authentique dans cet ancien village de pêcheurs dont on imagine sans mal la rudesse de la vie d’autrefois.
Marken n’est séparée de Volendam que de quelques km mais l’une est protestante alors que l’autre est catholique. Sincèrement, en tant que visiteur, on n’a pas senti la différence…

Des maisons de bois traditionnelles, de petits canaux, des prés bucoliques, un petit port bien sympathique, parfait pour siroter une bière locale et pour déguster un sandwich au tartare de thon…
Evidemment, tous ces beaux villages attirent les touristes et il vaut mieux choisir le jour et l’heure des visites…

 

le musée du sabot

 

l'intérieur d'une maison traditionnelle de Marken

Juste à côté de Volendam se trouve Edam, un autre beau petit village, patrie par excellence avec Gouda du fromage de Hollande. Nous y allons à bicyclette, moyen par excellence de déplacement au pays de Van Gogh.

En route vers Edam

 

Fromage à gogo

Elle est pas belle la vie ?

Nous touchons de nouveau à l’essence de notre passion pour le voyage et la mer : une belle navigation, l’arrivée dans un port abrité, la découverte d’un nouvel endroit et la magie opère de nouveau !

28/05. Direction la mer du Nord via l’Ij, le chenal très encombré qui relie Amsterdam à la ville d’Ijmuiden que l’on atteint par des écluses gigantesques.
Ijmuiden n’a aucun charme particulier si ce n’est une immense plage de beau sable.

 

Poisson frit sur la plage

les maisons de plage d'Ijmuiden style Gruissan...

Le vent souffle toujours aussi fort de NNE ? Cela fait 2 semaines que cela dure et les prévisions ne prévoient aucun changement.
Du coup, nous décidons d’y aller 2 jours plus tard. Le vent souffle très fort du secteur nord avec une force de 5-6 beaufort (20-25 kn). Nous sommes plein vent arrière avec les 2 voiles d’avant.
On avance bien mais en arrivant à hauteur de « Hoek van Holland », l’entrée du port de Rotterdam, la mer devient vraiment grosse en déferlant. C’est très inconfortable et nous décidons de tenter de rejoindre l’écluse du la mer intérieure du Haringvliet qui se mérite en bataillant dans un long chenal contre un courant de 3 kn avec un vent fou de travers, moteur quasi à fond. Nous y sommes à 16H mais l’écluse n’ouvre pas avant 19H…

La mer du Noooord

Middelharnis

Le lendemain, nous rejoignons la mignonne ville de Middelharnis.Bon sang, encore une petite merveille. Nous comptons prendre notre temps dans ces mers intérieures de cette province de Zeelande que nous avons bien pratiquée il y a plus de 30 ans…

Hélas, lorsque nous nous présentons devant le grand pont du Haringvlietbrug, on nous signale par VHF que le pont est fermé à la circulation maritime jusqu’en septembre !
Nous sommes pris au piège. Pas d’échappatoire.
Allez, pas le choix, on remonte tout le Haringvliet et on reprend l’écluse de mer dans l’autre sens…
On va atteindre à 100 km de là, Zeebruge en Belgique avec un vent moins fort de l’ordre 4-5 bft et une mer bien formée. Heureusement, l’entrée du gigantesque port de Zeebruge est très aisée.
Cela veut dire aussi au revoir aux Pays-Bas, petit paradis dépaysant pour les navigateurs.

 

 Momo à Zeebruge

 

la côte belge 

 

les villas "chicos" du Zoute

La marina prête des vélos et nous pédalons jusqu’à Knokke où Sabine a passé pas mal de temps durant son enfance-adolescence. Nous avons rendez-vous avec les fameuses croquettes aux crevettes grises !
On part tôt le matin pour éviter quelque peu ce vent fort de NNE qui est toujours d’actualité. Au retour, on sera poussé dans le dos…
On pousse même jusqu’au Zoute, le quartier richissime qui représente l’endroit où l’on trouve le plus de Porsche au km2 de la Belgique. Ne parlons pas des maisons et villas qui sont à faire fantasmer les plus petits des millionnaires…
Bien entendu, cette minuscule côte belge est toujours aussi conviviale, on y mange et on y boit toujours aussi bien mais tout ça n’est tout de même pas très joli avec ces barres d’immeubles et ces cabanes à louer qui restreignent méchamment les zones « libres ».

A 20 nm de là, Nieuwpoort (Nieuport), notre « port d’attache » que nous visitons pour la 2^ème fois.
Nous avons choisi cette fois-ci le « WSKslum », la marina de la Force Aérienne, bien plus familiale et conviviale que l’immense « VVW », la plus grande marina d’Europe du nord.
On doit y retrouver les parents de Bine et des amis de plongée « d’avant », Katia et Johan.
Nous retrouvons aussi avec délice des poissonneries hyper achalandées qui avaient bizarrement disparu aux Pays-Bas et tout se fait à vélo sur d’innombrables pistes cyclables.

 

les fameux "Cuistax" sur la promenade belge

 

la zone natura de Nieuport

Dans la longue liste des situations ubuesques où la France est loin d’être dernier de classe, il faut que je vous raconte comment nous avons fini par obtenir, en ce qui me concerne, la carte vitale, le précieux sésame qui ouvre les droits aux remboursements médicaux.
Pour cela, il est nécessaire d’appeler par téléphone la CPAM (caisse d’assurance maladie) du Finistère au 3646. Impossible depuis la Belgique. Mais il existe un numéro à appeler depuis l’étranger…très bien sauf qu’il n’y a jamais personne qui y répond (ça me rappelle une chanson « Gaston y a le téléphone qui sonne mais y a personne qui y répond »…)
Autre solution, faire la démarche via le compte AMELI sauf que pour créer un compte AMELI il faut renseigner un n° de la carte vitale que je n’ai pas !
Et il n’y a pas de temps à perdre puisqu’il y a une date limite que nous approchons à grand pas.
Après un « brainstorming » en bonne et due forme, nos cerveaux imaginatifs ont imaginé de prendre le tram de la côte avec nos vélos depuis Nieuport jusqu’à La Panne près de la frontière française.
De là, il nous reste 7 km pour atteindre Bray-Dunes dans l’hexagone.
Coup de fil au 3646, 2 minutes d’attente et le problème est réglé.
Il est à noter qu'une nette différence se fait sentir dès que l'on passe la frontière. 
Les prix diminuent nettement(moules-frites à 15 euros alors qu'en Belgique c'est plutôt 25-30) mais l'entretien, les équipements, la propreté diminuent dans la même proportion. On passe en quelque sorte d'un bord de mer riche et animé à un bord de mer quelque peu délaissé...

Demain vendredi 9 juin, c’est le dernier jour avec ce fameux et puissant vent du nord qui dure depuis 3 semaines et nous allons en profiter pour tenter de rejoindre Boulogne en France à 65 nm.